mardi 27 août 2013

La coopération suisse au Pérou

Lors de notre arrivée à Lima, nous avions rencontré, à l'Ambassade de Suisse, une représente de la Coopération suisse au Pérou. Elle nous avait donné quelques contacts, dont celui de Luis Zapata, coordinateur de l'agence de Cusco de swisscontact. Cette organisation, co-financée par le secteur privé et publique en Suisse, a pour objectif de promouvoir le développement économique, social et environnemental dans certains pays du sud. Nous souhaitions, en effet, donner un visage à l'aide suisse au développement, qui représente chaque année plus de 1 millards de francs suisses (vue d'ensemble des dépenses de la DDC).

Nous avons donc retrouvé ce matin Luis pour la visite d'un projet bien concret, à l'est de Cusco, ayant pour objectif d'augmenter l'efficacité de fours à bois pour la cuisson de briques en terre.


Le village de San Jerónimo, à l’est de Cusco, produit la plupart des briques de la région de Cusco et au-delà. Le processus, encore artisanal, comprend le mélange, le moulage, le séchage et la cuisson des briques. La dernière étape nécessite l’utilisation d’un four pour la chaleur et donc de combustible. Afin de réduire les coûts, les producteurs utilisent des restes de bois incluant sciure, petites branches et gros troncs (la belle partie du bois étant vendue à d'autres fins). Le bois provient de la région (eucalyptus) mais également de la Selva péruvienne, la région amazonienne. Le camion sur la photo suivante apporte de la Selva des restes de bois et repart chargé de briques.

 

La préparation des briques nécessite principalement de l’argile (largement présente dans la région, Cusco étant située dans le creux d’un ancien lac), ainsi que du sable (provenant de la rivière) et de l’eau. Une fois mélangé, le tout est moulé pour former des briques.


Les briques doivent ensuite sécher. Cette étape nécessite passablement d’espace !


La partie intéressante en termes d’aide au développement est la cuisson. Utilisant des fours à bois, la génération de gaz à effet de serre est non-négligeable. Selon Luis, il y a 3-4 ans, la qualité de l'air de Cusco était bien moins bonne que ce que l'on a pu apprécier lors de notre séjour et dans certains villages, ce serait la source principale d'émission. Ainsi, le projet Eficiencia energética en ladrilleras artesanales (EELA) a pour objectif de réduire de 30% les émissions de gaz tout en augmentant d’au moins 10% les revenus des producteurs (le projet est également présent dans d'autres pays d'Amérique du Sud).

Pour parvenir à cet objectif, le projet forme les producteurs sur des techniques plus rentables, autant d’un point de vue environnemental qu’économique. Le principal changement consiste en l’utilisation de ventilateurs électriques pour améliorer la combustion. Cela permet de réduire autant la consommation de bois que la génération de gaz. Exemple de ventilateur sur la photo suivante.
 


Cela a évidemment un coût. Il faut compter environ 1'000 US$ par ventilateur. Mais par cuisson, cela permet d’économiser plus de 100 US$ de combustible. Si le four est utilisé une fois par semaine, en trois mois, l’achat est rentabilisé ! Et les producteurs locaux l’ont bien compris, puisque 85% d'entre deux utilisent aujourd’hui cette technique à San Jerónimo.

Le rôle de swisscontact consiste principalement à informer les producteurs. Ils ont également contribué à la réalisation de machines adaptées au contexte local (peu cher, facilement réparable). Le projet aura permis de réduire les émissions de gaz mais également d’augmenter la qualité de vie des producteurs.


La coopération suisse au Pérou soutient également d'autres projets, que nous n'aurons malheureusement pas le temps de visiter. Parmis eux, le projet Glaciares, ayant pour objectif l'adaptation des populations au changement climatique et la réduction des risques liés aux retraits glaciaires. Le projet Climandes, quant à lui, a pour but d'améliorer la qualité des prévisions météorologiques dans les Andes à travers un transfert de connaissance, notamment avec MétéoSuisse.

lundi 26 août 2013

Papillons du Machu Picchu

Sur notre retour vers Aguas Calientes depuis le Machu Picchu, nous nous sommes arrêtés pour une rapide visite du Centre de recherche sur les papillons du Machu Picchu. Il faut savoir que le Pérou abrite près de 20% des espèces de papillons du monde (quelques 4'400 espèces !).

La région du Machu Picchu en compte, selon le guide du centre, à elle seule quelques 360 espèces, dont plusieurs endémiques (uniquement ici !). La visite permet d'en découvrir quelques aspects fascinants. Voici un bel exemple de mimétisme d'une larve.


Les larves peuvent prendre des aspects et des tailles très différentes selon les espèces, comme l'illustre les deux photos suivantes (deux espèces différentes).




Pour se protéger, certaines larves développent des techniques particulières. Cette espèce vit à l'intérieur de la feuille. L'oeuf a été pondu dans la partie inférieure de la partie droite de la feuille. La larve est ensuite descendue le long du bord de la feuille, jusqu'à la pointe, pour ensuite remonter sur la partie gauche (on voit la trace plus claire). Après un passage à l'intérieur de la feuille, elle en est finalement sortie pour le stade de chrysalide (tâche brune). Cette méthode la protège autant de la pluie, du vent que des potentiels prédateurs !


Les larves restent généralement groupées, mais se séparent ensuite à l'état de chrysalides. Une espèce endémique s'écarte de cette règle pour des raisons de survie. Lors de la sortie de la chrysalide, elles n'ont que quelques minutes pour s'accoupler (et oui, elles sont précoces...). Pour assurer la pérénité de l'espèce, elles se regroupent donc également lors de ce stade du développement. Surprenant, n'est-ce pas ? Pour information, leur durée de vie n'est que de 4 jours...


Le but du centre est d'observer et de mieux comprendre les papillons. Une fois adultes, il les libére, nous n'avons donc pas vu beaucoup de papillons voler. Les seuls bien observables auront été ces tout petits papillions blancs. Il y avait, juste à côté, des fleurs tout aussi petites. Et oui, pour la polinisation, il faut que les tailles jouent entre elles...


Probablement que peu de visiteurs du Machu Picchu s'arrêtent dans ce petit centre. La visite en vaut cependant bien la peine !

dimanche 25 août 2013

Cusco et Machu Picchu

Voilà un mois que nous pédalons depuis Lima. De villages en villages, de l'océan aux montagnes en passant par le désert, secoués sur les pistes mais également profitant d'une belle Panaméricaine bien asphaltée, nous avons rejoint le berceau de la culture Inca. En retard sur le programme ? Qu'importe, nous avons décidé de prendre le temps dans cette magnifique région pour faire un peu le tour des sites archéologiques et découvrir la culture de ce peuple vraisemblablement décimé par l'arrivée des Espagnols...

Nous avions donc prévu de rejoindre le Machu Picchu en passant par Ollantaytambo, Santa Maria, Santa Teresa, Hidroeléctrica et enfin Aguas Calientes. C'est un parcours qu'empruntent généralement les "petits budgets". Il est possible de prendre le bus, ce qui coûte nettement moins cher que le train reliant directement Cusco ou Ollantaytambo à Aguas Calientes. Encore plus sympa, de Santa Maria à Aguas Calientes, tout peut se faire à pied en quelques 2 jours de marche! C'est ce que nous pensions faire à l'aller et prendre le train pour le trajet retour (53$ quand même!). Mais malades et affaiblis depuis quelques jours, nous avons dû adapter le programme et prendre le bus sur toutes les parties prévues à pied.

L'auberge à Ollantaytambo, toit de tôle ondulée et vieilles planches de bois grinçantes en guise de parquet. Mais au moins ça coûte pas cher!


A Santa Teresa, nous avons bien profité des bains thermaux. Vraiment superbe! Décor naturel, eau chaude et très propre, le tout pour 2.- environ! D'autant plus que nous avions les 3 bassins rien que pour nous, les groupes de touristes débarquant plus tard dans la journée (on aime bien les éviter).


Malheureusement, impossible d'éviter la catégorie touriste quand il s'agit de prendre le train. 18$ pour les gringos et 5 soles (2$ environ) pour les locaux! Le wagon à l'avant (grand luxe, panoramique...) réservés aux premiers et service beaucoup plus basique pour les seconds dans les voitures suivantes...


Quelques découvertes intéressantes le long de la voie ferrée. Dans les sacs roses, ce ne sont que des bouteilles en PET, bonne nouvelle pour le recyclage (en espérant qu'il ne s'agisse pas simplement de les mettre dans une décharge différente).


Finalement, arrivée à Aguas Calientes, un village peu typique et cher, qui se développe uniquement pour les touristes qui se rendent au Machu Picchu. On ne s'est même pas donné la peine de prendre une photo. 

Et le lendemain, Machu Picchu !!

On en avait beaucoup entendu parlé et on avait presque peur d'être déçus de nous retrouver sur un site blindé de touristes et ressemblant beaucoup à Choquequirao. Petits doutes vite éclipsés !
Levés à 3h30 pour rejoindre à pied l'entrée du site (environ 400m de dénivelé), il y avait un peu de brume à l'arrivée à 6h30.


Cela ajoutait presque une ambiance un peu mystique au lieu.... excepté le bruit des tondeuses à gazon pour préparer le site ;-) En face, le Wayna Picchu. 200 personnes peuvent y monter par jour et autant dire qu'il faut réserver son billet bien à l'avance. Le mois d'août était complet depuis longtemps.


Mais pas de problème. Il est également possible de monter au sommet du Cerro Machu Picchu (environ 300 mètres plus haut que le Wayna) et à 7h30 nous avons donc continué notre ascension depuis le site vers le sommet.


Entre temps, le soleil avait percé les nuages.


Petite vidéo au sommet.

Vue sur Hidroeléctrica, la centrale hydroélectrique du Machu Picchu. Actuellement équipée d'une puissance équivalente à celle du barrage de Verbois à Genève, un projet d'extension en construction va augmenter la puissance de 105 MW à 165 MW. Un exemple d'exportation du savoir-faire suisse puisque l'entreprise ABB va installer du matériel pour quelques 25 millions de US$ (plus d'info).


Le terrain bouge...


Et bien sûr, visite du site.



En rentrant sur Cusco, nous avons fait le détour par certaines ruines impressionnantes et intéressantes. Notamment les ruines de Moray, des terrasses qui servaient de centre de recherche agricole pour les Incas et dont l'architecture en amphithéâtre produit des microclimats. La température diffère sur chaque niveau de terrasse et permettait aux Incas d'étudier l'adaptation des différentes plantes.



Avec quelques informations intéressantes (et tristes) sur la population locale. (24.8% de "non pauvres", 38.9% de pauvres et 36.3% de pauvres extrêmes)...


Et les Salinas de Maras. Les premières terrasses datent d'avant les Incas. Ces derniers ont canalisé une source saturée de chlorure de sodium (sel).


Le site s'étend sur une petite vallée, bien dissimulée dans le paysage.


Des familles viennent récolter le sel sur les terrasses, soit environ 150 kg de sel par parcelle, 1 fois par mois (selon leurs dires). Les 700 à 800 familles qui possèdent les 3600 bassins produisent annuellement entre 160 et 200 tonnes de sel (Wikipédia). Une ressource intéressante pour cette région relativement éloignée de la mer !

 

Un conseil pour la monté à Aguas Calientes
- Lors d'une visite du musée du Chocolat de Cusco, nous avons appris qu'ils organisent des sorties de 2 à 3 jours dans des familles produisant du cacao. Le trajet correspond à celui que nous avons emprunté pour rejoindre Aguas Calientes, avec la partie cacao en plus... Si nous avions su cela avant, nous aurions probablement opté pour cette option ! Avis aux amateurs de chocolat...

lundi 19 août 2013

Cachora - Cusco

De Cachora, il nous aura fallu remonter quelques kilomètres de pistes pour regagner les 800 m d'alitude nous séparant de la Panaméricaine. Peu après, nous avons fait une pause au site de Sayhuite, avec son impostante Pierre de Sayhuite (page en espagnol). Ce bloc d'un diamètre d'environ 4 mètres constitue une représentation du monde inca. Les théories divergent quant au sens exact à donner à ce monument, mais intéressant à voir !

 
Nous avons ensuite continué notre route, pour traverser à nouveau le Rio Apurimac, mais en vélo cette fois. Au loin sur la photo, l'amazing bridge... On s'attendait quand même à quelque chose de plus impressionant ;-)  Courte pause, les moustiques sont à nouveau dans le coin ! Vous remarquerez les habits longs, malgré la chaleur...


Le soir, nous avons dormi à Malampata. Coup de chance, c'était la fête annuelle au village ! Danses, musiques, stands, ambiance très typique ! Nous n'aurons cependant pas trouvé de chambre pour dormir, toutes les auberges étant pleines... mais une auberge a accepté de nous laissé dormir avec la tente sur le gazon de la cour intérieure. Et nous a gardé nos affaires pendant qu'on était au village (c'est toujours le problème avec la tente sans voiture, c'est où mettre les valeurs...).


Voici le plat que vous rencontrerez le plus souvent au Pérou, c'est-à-dire Pollo con papas fritas, ou poulet avec frites. Quand il n'y a qu'un ou deux restaurants dans le village, c'est bien souvent cela qu'il y a au menu... Et ce sont des belles platées!


Et on finit toujours tout...


Petite photo avec les enfants de l'hôtel avant de remonter sur nos vélos.


L'architecture inca est, entre autre, caractérisée par de gros blocs parfaitement taillés. Comme on peut le voir sur la photo suivante, pas besoin de béton entre les blocs !


Et pour finir, une petite vidéo des derniers kilomètres avant notre arrivée à Cusco.


Trek de Choquequirao

Nous avons laissé nos vélos quelques jours à Cachora, le temps de nous rendre sur le site archéologique de Choquequirao (3100 m). Nous aurons mis 4 jours aller-retour.


Le site (Chuqi K'iraw en Quechua, le "Berceau d'or"), est connu comme étant "la soeur" du Machu Picchu, de part les similitudes frappantes, tant de son organisation que de son architecture. La grande différence, c'est qu'il y a (beaucoup) moins de monde ! Mais la visite nécessite de se rendre à pieds sur le site, quelques 31 km de marche avec 1600 m de dénivelés négatifs et positifs à chaque trajet...


Comme nous n'avions pas envie de faire le trek avec une agence (guide, transport des sacs par des mules, repas préparés par le personnel encadrant), nous avons organisé le tout nous-mêmes. Afin de nous alléger tout de même un peu, nous avons loué un âne pour le premier et le dernier jour. Mais sans arriero, ou personne pour s'occuper de l'animal...


Il a donc fallu faire avancer Dulce (notre âne) avec nos sacs à dos sur son dos. Pas toujours facile, mais une bonne expérience. A mis parcourt, il faut traverser la rivière Apurimac. Jusqu'à l'année dernière, il y avait un pont, mais celui-ci a été détruit. Il faut donc maintenant traverser la rivière par un câble. C'est ici que nous avons laissé notre Dulce à quelqu'un pour qu'il s'en occupe avant de le récupérer deux jours plus tard.


Une fois traversé la rivière (environ 1600 mètre plus bas que le point de départ), il faut à nouveau remonter le même dénivelé, de l'autre côté pour rejoindre le site. Heureusement, les paysages sont magnifiques ! Et le soleil est comme d'habitude au rendez-vous (nous avons jusqu'ici eu une fois un orage alors que nous étions posés dans la tente, autrement pas de pluie pendant un mois...).


La végétation est aussi bien différente de ce dont nous avons l'habitude. Il y avait notamment ces parasites sur de grandes feuilles, dont la régularité était surprenante.


Le deuxième jour de marche, nous sommes arrivés au camping du site. Monté la tente et mangé avant de visiter une première partie du site (partie du bas, essentiellement des terrasses). Il faut dire que Camille a passablemenr souffert des 3h de montée du matin... Le lendemain matin, suite de la visite, avec la partie principale (la partie du haut), visible sur la photo suivante (prise depuis une colline faisant également partie du site).


On nous avait dit qu'il y avait moins de monde que sur le Machu Picchu, mais au point de faire l'intégralité de la visite sans voir personne (à l'exception d'un groupe de 4 touristes qui arrivait quand nous terminions notre visite), on en attendait pas autant... Vraiment superbe !!!



Le site comprend également de nombreuses terrasses. Une partie d'entre elles est connue pour ces 28 lamas intégrés dans la roche avec des pierrres blanches.


Faire le trek en autonomie, signifie évidemment aussi transporter la tente, les sacs de couchage, la nourriture, le réchaud, etc. Passablement de choses pour les deux sacs à dos de 50 litres que nous avons avec nous...

Et on ne se laisse pas mourrir de faim ! Au menu, il y aura notamment eu patates, riz, pâtes, haricots, carottes, concombre, thon... Là c'est la salade de riz que nous avons faite avec la seconde partie du riz cuit à midi, histoire d'économiser un peu de combustible du réchaud (et oui, il faut penser à tout !).


Le trek nous aura coûté environ CHF 35.- . Bien peu cher quand on sait qu'il faut compter 220 à 250 $ en le faisant avec une agence...

La seconde partie du 3ème jour et le 4ème jour auront été réservés pour le retour sur Cachora. Arrivés à la Colmena, la petite auberge où nous avons "loué" notre âne, nous n'avons pas refusé l'excellente soupe d'orge proposée par la propriétaire, exactement ce qu'il nous fallait pour récupérer de ces 4 longs jours de trek! 


Malgré l'entrainement physique des 3 premières semaines, cette ballade n'aura de loin pas été de tout repos, mais une magnifique expérience pour un site qui en vaut vraiment la peine !

Quelques conseils pour ceux qui voudraient faire le trek :
- Prendre de l'anti-moustique ! Il y en a tout le long du trajet mais plus on se rapproche de la rivière (plus on descend), plus il y en a ! Et prenez des habits long (chemise et pantalon), ça aide beaucoup !
- Il est possible de faire le trek en 3 jours, mais cela ne laisse vraiment pas beaucoup de temps sur le site, ce qui nous semble bien dommage.
- Marchez tôt le matin (nous avons par exemple commencé à marcher à 5h30 le 4ème jour, afin de moins souffrir de la chaleur sur la remontée depuis la rivière).
- Nous avons laissé nos vélos à la Hospedaje Salcantay, au centre du village de Cachora. Tout était encore bien là au retour !