mercredi 4 décembre 2013

Communauté Quinquén

Après avoir quitté Lonquimay, nous avons rejoint la communauté mapuche-pehuenche de Quinquén, composée d'une cinquantaine de familles. Les Pehuenches, gens du pehuén ou de l'araucaria en langue mapuche, sont ainsi nommés car leur alimentation est principalement basée sur les pommes de pin de l'Araucaria. Cet arbre, appelé Araucaria du Chili, ou Araucaria araucana, est considéré comme sacré par les pehuenches et constitue l'arbre national du Chili.


Considéré depuis 2013 comme en danger selon l'IUCN (voir fiche descriptive), l'espèce est totalement protégée. Les graines de l'arbre, appelés piñons, représentent une part importante de l'alimentation des tribus mapuches, pouvant s'élever jusqu'à 10-15% du régime alimentaire, surtout de février à mai [1]. Voici une photo de pignon grillé [photo Wikipédia].


La communauté Quinquén est la première a avoir obtenu pour ses terres le titre de Territoire de conservation autochtone du Chili (Territorio Indigena de Conservación, en espagnol), résultat d'une lutte de plus de 20 ans. L'histoire commence en 1971, avec la réforme agraire qui exproprie la communauté, en ne lui laissant plus que l'usufruit des pâturages et des piñons de l'araucaria. En 1976, l'araucaria est déclaré monument national, paralisant son exploitation. En 1980, la Sociedad Galletué entreprend des procédures juridiques pour expulser la communauté et pouvoir tout de même exploiter le bois d'araucaria sur les terres qui lui ont été attribuées lors de la réforme agraire. Sept ans plus tard, en 1987, elle gagne un procès lui permettant de recommencer la coupe du bois. Cela renforce le courage de la communauté à se battre et celle-ci obtient en 1990 à nouveau la protection intégrale de l'araucaria.

A partir de là, la lutte de la communauté s'officialise et sur sa demande, le Chili accepte d'acheter, en 1992 et pour une valeur de 6.15 millions de dollards, les terres en question (26'500 ha). La répartition des terres à l'intérieur de la communauté donne cependant lieu à certains conflits internes... S'initie alors un processus, soutenu par l'Observatoire des Droits des Peuples Indigènes (CODPI) ainsi que le WWF Chili qui se concluera 15 ans plus tard, en décembre 2007, par le transfert des terres comme biens communautaires à l'ensemble de la communauté.

Deux mois plus tôt, en septembre 2007, les Nationes Unies adoptaient la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones [2], considéré comme un triomphe pour la justice et la dignité humaines des peuples autochtones [3]. En 2008, l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), dans sa Reconnaissance des territoires de conservation autochtones [4], décide d'intégrer la notion de territoire autochtone dans sa définition des catégories d'aires protégées [5].


Ces changements au plus haut niveau institutionnel eurent un impact direct sur la communauté de Quinquén, puisqu'après trois ans supplémentaires de travail au sein de la communauté, le concept a pu être appliqué pour donner le premier territoire autochtone de conservacion du pays, un projet pilote au niveau nacional !



Voilà, je pense que vous en savez assez sur la communauté, il est temps de vous dire ce que nous avons fait durant notre journée à Quinquén. Après une première nuit de camping au bord de la Laguna Galletué, source du Rio Biobio, nous avions rendez-vous à 9h00 pour une cabalgata, une excursion à cheval. Magnifique ballade de trois heures dans leur territoire, avec René (17 ans), le plus jeune des 8 enfants de la famille Meliñir qui nous a acceuilli.


Vue sur la Laguna Galletué.


Paysages magnifiques avec beaucoup d'araucarias, belles empreintes de puma (oui oui, il y en a dans le coin, mais ils ne sortent que la nuit pour chasser...) et passage par le lac pour revenir, les chevaux avaient sacrément les pieds dans l'eau et glissaient sur les cailloux !


A notre retour, le repas de midi était prêt. Au menu, purée de piñons, viande de porc de la ferme et salade ! La purée de piñon (à base de farine de piñons moulus) ressemble à de la purée de patates avec un léger goût de chataigne, super bon !


L'après-midi, nous avons été pêcher avec René dans la rivière coulant à travers le teritoire de la communauté. Moment super sympa, même si nous n'avons sorti aucun poisson à trois... paraît qu'il y a des jours où ça mort mieux ! ;-)


Le soir, nous avons dormi dans une maison à côté de la leur avant de repartir le lendemain matin avec nos vélos. Nous aurons passé une très belle journée avec la famille Meliñir. Et notre expérience confirme bien ce que nous avions écrit dans notre Update du 13 novembre à propos du tourisme durable, soit qu'ils ont besoin de prendre confiance dans leur activité. Le prix n'était, par exemple, pas vraiment clair jusqu'à la fin de la journée et à midi, chacun de la famille a demandé l'itinéraire que nous avions fait avec les chevaux (on est assez certains que c'est la première fois que René partait ainsi seul avec des clients). Mais c'était une expérience franchement authentique !

Pour contacter la communauté : Hosteria Follil Pehuenche à Lonquimay.

[1] Araucaria du Chili, Wikipédia
[2] Déclaration des Nations Unies sur les droites des peuples autochtones,Wikipédia
[3] Déclaration sur les droits des peuples autochtones, UNHCR 
[4] Résolution 4_050 de l'UICN : Reconnaisance des territoires de conservation autochtones [français] [espagnol
[5] Catégories d'Aires protégées selon UICN, Wikipédia

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